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- Écrit par : Cécile
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Grand-mère, dis moi tout !
J’ai reçu à Noël 2021 de la part de Gabrielle un album « Grand-mère dis moi tout ». J’ai commencé à en remplir les cases et puis me suis rendue compte que les cases prévues étaient, soit trop petites, soit ne correspondaient pas du tout à ce que je pouvais raconter, par exemple « as tu fêté ton enterrement de jeune fille ? » !!!.
J’ai presque tout de suite été convaincue que j’avais des choses à dire, parce que de nombreux souvenirs me sont revenus petit à petit que je pouvais partager, et aussi en tant que « boomer », car cela permettrait de mettre des faits et un contexte derrière cet adjectif employé par nos chers ados.
Cécile
Je m’appelle Cécile Marie SUDRE
Cécile (comme ma mère), Marie (comme mes 2 grand-mères)
Mon enfance :
Je suis née le 21 janvier 1947 à la maternité de Marvejols, petite ville de 4000 habitants, sous-préfecture de la Lozère, qui avait alors un hôpital dont un secteur maternité.
Mon père, Jean Sudre, avait 4 sœurs, Marie, Gabrielle dite Gaby, Marthe et Alix. Seule Alix est encore en vie.
Sa mère, Marie Huguet, "mémée Huguet", était veuve de Auguste Sudre, qui transportait de la farine avec une charrette. Je ne l'ai pas connu. Chez elle j'ai le souvenir d'avoir mangé beaucoup de lait concentré Nestlé !
Il était instituteur, sorti de l’Ecole normale d’instituteurs. On y formait alors ce qu’on a appelé les « Hussards noirs de la République », instituteurs dans les écoles publiques, laïques.
Bien que soutien de famille il a dû partir au STO, service du travail obligatoire en Allemagne, pendant la 2e guerre mondiale, raflé au sortir du cinéma. Il y a travaillé dans une scierie. Pour en revenir il disait avoir fumé des cigarettes dont le papier était enduit de beurre, ce qui avait résulté en une radio des poumons anormale. Il y a noué de bonnes relations avec un allemand comme lui philatéliste, avec qui il a conservé des relations toute sa vie et échangé des timbres.
Son premier poste d’instituteur a été un petit, très petit !, village nommé Chaldecoste, « coteau chaud », sur l’Aubrac, plateau élevé du Massif central. A cette époque il y faisait très froid l’hiver et il pouvait y avoir de la « tourmente », tempête de neige si forte que les villages sonnaient les cloches pour permettre de se repérer aux habitants perdus. Mon père racontait qu’il devait y aller à ski l’hiver, et que le lait gelait dans les bouteilles. Je suis allée voir Chaldecoste beaucoup plus tard, au printemps, et garde un souvenir impérissable des vaches qui sortaient de leur long séjour hivernal à l’étable et qui gambadaient, au sens propre.
Il a ensuite été nommé à Fabrèges au dessus de Chirac où il a fini avec 2 élèves ! A l’époque chaque petit village avait une école publique ! Les enfants venaient à pied des hameaux autour et je me souviens des petites chaussures en train de sécher autour du poêle. Ensuite il a été nommé à Saint Bonnet de Chirac. Il y été aussi secrétaire de mairie, jusqu'à la fin de sa vie.
Maintenant on fait du ramassage scolaire dans les villes et on a vendu les écoles de village.
Ensuite il est devenu professeur de travaux manuels au Collège de Marvejols. En effet il avait appris l’ébénisterie avec son oncle Albert Huguet, frère de sa mère.
Il était très actif : jardin, apiculture, pisciculture au « Moulin », vieux moulin situé sur la Colagne. Il a construit là de ses mains (et de celles de mes frères et de sa femme !), une maison en pierres taillées avec un magnifique escalier en planches de châtaigner. Il est aussi devenu secrétaire de mairie à Grèze. Il a planté des peupliers qui devaient rapporter une fortune (!) au bord de la Colagne. Il a créé à Arboussous, ferme des Chabbert dont nous avons hérité, en ruine… , avec plusieurs hectares, un groupement forestier où les Eaux et forêts ont planté des bois. Le rapport n’en a pas non plus été formidable ! Mais donc j’ai des bois à Arboussous (je n’en achète pas moins le bois de chauffage pour mon insert !)
A gauche de mon père, ma grand mère paternelle. A droite de ma mère, ma grand mère maternelle, à l'extrême droite mémée Astérie
Ma mère, Cécile Chabbert, était postière à Marvejols.
Après leur mariage, mes parents habitaient rue de l’Estancogne à Marvejols, dans la petite branche d’une maison en L située au coeur de cette ville moyenâgeuse qui a eu dans l’histoire une certaine importance pendant les guerres de religion. Dans l'autre branche du L vivait ma grand-mère paternelle avec sa fille Alix, la dernière.
Sont ensuite nés mes 2 frères Paul et Jean-Guy.
Je vais ici parler d’un évènement très important de ma vie, ainsi que de celle de mes 2 frères. Je ne peux pas y penser sans chagrin. Impossible d’écouter une vieille chanson, « les roses blanches » sans pleurer, encore à 75 ans !
Ma mère, Cécile Chabbert, dont je n’ai pas de souvenir. Grand blanc…
Un matin on est venu me dire que ma maman était partie au ciel. J’avais entendu des allées et venues le soir et dans la nuit. Les non-dit familiaux et remarques mystérieuses diverses m’ont fait penser plus tard que ma mère est morte d’un avortement qui s’est mal passé, réalisé par ma tante Marthe, sœur de mon père qui était préparatrice en pharmacie et avait à portée de main du matériel. Notre mère avait alors 24 ans….
J’avais 6 ans. Paul avait 3 ans et Jean-Guy 6 mois.
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Grâce à Simone Veil, dont vous avez sûrement entendu parler, juive, ancienne déportée à Auschwitz à l’âge de 16 ans, ministre de la santé sous le président Giscard d’Estaing, la loi du 17 janvier 1975 permettant l’interruption volontaire de grossesse a été votée.…. Elle l’a défendue avec un courage extraordinaire devant une assemblée de députés d’extrême droite et de droite qui l’injurient. Il faut savoir que ce droit à l’avortement est toujours remis en question dans plusieurs pays et encore récemment dans beaucoup d’états des Etats-unis . |
C’est ma tante paternelle Alix qui a pris en charge le bébé, avec sa mère Marie Sudre. Quand à Paul il est resté dans la maison avec mon père et moi et la mère de ma mère, Marie Chabbert, dite « Marinou ».
Marinou, sourde suite à la rougeole dans l’enfance, et assez disgraciée,.vivait séparée de son mari, mon grand-père. Elle était la fille unique de Paul Chabbert et d’Astérie Rousset, « mémée Astérie » et avait été mariée avec un certain Paulin Chabbert d’Aubigeyre car mes arrières grands-parents, qui possédaient une propriété à Arboussous, commune de Saint Sauveur de Peyre, n’ayant pas de fils, avaient ainsi trouvé une solution pour que la ferme survive. Contre promesse de ??? Cela s’est mal passé et, après avoir fait 3 filles à Marinou, Paulin est allé se faire embaucher à la SNCF. Les filles ne se sont pas entendu avec lui. J’avais mis la main sur une lettre de ma mère à sa grand-mère où elle exprimait sa colère vis à vis de lui. Je n’en sais pas plus.
Paulin venait une fois par an nous voir et apportait des biscuits « Lu». J’ai passé quelques jours chez lui à Saint Germain des Fossés, une seule fois. Je l’aimais bien.
Mon arrière grand-mère « Mémée Astérie » était restée veuve de Paul Chabbert, propriétaire d' Arboussous et, après avoir dilapidé le patrimoine, vivait à l’époque sur la grande place de Marvejols au rez de chaussée où j’allais régulièrement.
Les 3 soeurs et une amie. De droite à gauche, Cloclo, Cécile, Françoise.
Au décès de ma mère, mon père m’a immédiatement expédiée à Paris chez mes tantes, sœurs de ma mère, Clotilde et Françoise, dites "tatie Cloclo" et "tatie Ursule" (Ursule comme sa marraine mais son 1e prénom était Françoise), avec leur mère Marinou. A l’époque circulait un train de nuit Béziers-Paris gare d’Austerlitz. J’y suis restée un certain temps. Elles logeaient chez un vieux monsieur, rue Abbé Patureau à Montmartre et j’allais souvent jouer dans le jardin du Sacré Coeur.
Tatie Cloclo à l’époque travaillait à Pathé cinéma aux studios de Montmartre comme secrétaire. Elle est ensuite devenue secrétaire de direction avec un bureau sur les Champs Elysées. De là j'étais aux premières loges pour assister au défilé du 14 juillet ! Elle avait, semble-t-il, eu une aventure, ou un grand amour, à 18 ans, avec un certain Mr Ventre rencontré à Marvejols. Elle l’a suivi à Paris. Elle en a eu un fils Gabriel, dit « Nounet », hors mariage.
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Je note ce « hors mariage » pour vous faire comprendre la fréquence de ces naissances et l’importance de l’apparition de la pilule contraceptive, légalisée en 1967 par la loi Neuwirth, remboursée par la Sécurité sociale depuis 1974. D’autant que ces naissances n’étaient pas bien vues et les filles-mères méprisées, voire mal traitées. |
Gabriel, passionné des maquettes de train à l’échelle, dentiste, a épousé en première noces Annette, corse de Bastia et, après son divorce, Christine, habitant Montpellier. Il est décédé un mois après son mariage ! Christine m’a fait parvenir les lettres concernant l’enfance de Gabriel. Ma tante l’avait récupéré dans le train après qu’il ait été enlevé par son père. Elle l’avait ensuite confié à sa marraine, Manie, apparentée au père de Gabriel, qui l’a élevé à Allauch, dans les Bouches du Rhône, jusqu’à ce qu’il rejoigne sa mère à Paris après l’école primaire. Là, sa mère a dû l’envoyer chez nous, après un certain nombre de renvois de lycées, mon père étant réputé pour sa sévérité… Il y est resté jusqu’à l’année du bac. J’ai donc profité de la présence de mon cousin qui était extrêmement drôle et apportait un peu de soleil dans la maison. Il avait 6 mois de plus que moi. Exemple de gag : il avait enlevé la porte de la cuisine qui donnait sur la terrasse, qui était en fait la porte d'entrée et de sortie de la maison, et ma grand mère Marinou se demandait où elle était passée. Sa femme Christine est aussi gaie qu'il l'était et c'est ce qu'elle publie sur Facebook qui m'amuse le plus !
Tatie Cloclo a eu énormément d’importance dans ma vie. Elle était très drôle aussi. Elle m’a emmenée à la Comédie française, m’a fait visiter Paris et plus tard beaucoup d’autres endroits en France ou même en Italie. Je vous fait partager ici un souvenir très drôle de Tatie Cloclo et moi descendant à vélo du « Moulin », où mes parents habitaient plus tard, à Marvejols. C’était un dimanche me semble-t-il et ma tante avait sur la tête un bonnet de bain en caoutchouc. Nous avons bien ri !
Tatie Françoise, dite Tatie Ursule, est restée chez sa grand-mère, Astérie, a ensuite épousé Abel Beaufils dont elle a eu Hubert, mon cousin dont j'ai des nouvelles de temps en temps. Elle a quitté Abel, gros buveur et bagarreur, et est partie à Paris avec son bébé qu’elle a mis en nourrice, où il est resté longtemps. Il a hérité de sa nourrice. A son arrivée à Paris tatie Françoise a trouvé un travail de femme de ménage chez Gisèle Casadesus, actrice de théâtre et de cinéma bien connue. Elle avait là une chambre de bonne et ne pouvait donc pas s'occuper de son bébé. Elle a ensuite passé un diplôme d’infirmière et a travaillé à l’hôpital Lariboisière. L'appartement de Gisèle Casadesus se trouvait au dessus de celui des parents de François Gobinot avec qui elle s'est remariée. Elle est partie un temps au Congo où il avait un emploi d’ingénieur dans l’équipement en train. Ils sont ensuite revenus et ont habité à Montmartre prés de tatie Cloclo.
Revenons à Marvejols !
Dans la grande longueur du L vivait ma grand-mère paternelle, veuve, avec sa plus jeune fille, ma tante Alix, encore vivante mais atteinte d’Alzheimer.
Il y avait une petite cour qui donnait sur la rue avec en particulier un magnifique cerisier… et les wc, à la turque pour les 2 maisons. La nuit on se servait de pots de chambre !
On jouait dans la rue ! Peu de voitures ! On jouait avec les enfants des voisins et aussi mes cousines, qui habitaient Marvejols dans une rue voisine, à la balle, à cache-cache, à « soleil », aux osselets, à la corde à sauter, à la marelle, aux billes. On faisait du vélo, des patins à roulettes. Et puis, le grand régal c’était de faire des glissades dans la rue quand il y avait de la neige. Les vieilles dames n’étaient pas contentes car cela faisait des zones de glace où elles risquaient de tomber.
Je lisais beaucoup car je recevais des livres à Noël. J’ai adoré Nio l’éléphanteau. J’ai lu l’Odyssée dans la collection « J’aime lire » au CM2. J’ai reçu à Noël une poupée magnifique que mon petit frère a badigeonnée de mercurochrome - je lui en ai toujours voulu...
Pas de télévision, smartphone, tablette, ordinateur, internet, jeux vidéos !!! pouvez vous imaginer cela ?!!!
Mon père m’a fait prendre des cours de violon à 7 ans avec un monsieur qui habitait dans la rue mais était aveugle. Sa femme, aveugle aussi, donnait des cours de piano. C’est moi qui ai choisi le violon entre les 2 instruments. J’ai tenu le coup un an et commençais à jouer quelques petits morceaux. Hélas ! Je n’osais pas demander à aller aux toilettes à ce monsieur et cela devenait rapidement un supplice. A quoi tiennent les carrières … ! Je pense que malgré tout j’en ai gardé l’oreille musicale et cela me permet de chanter juste, ce dont je profite encore.
J’avais aussi une copine de classe avec qui j’allais faire des glissades sur les rampes des escaliers de l’église qui n’était pas loin. A cette époque on léchait des coquillages remplis de sucre dur coloré. On glissait puis, comme on avait mal à la langue à force de lècher, on allait tremper le coquillage dans le bénitier pour l’humecter !!! Je n’ose pas penser à ce qui habitait cette eau bénite…. D’ailleurs j’ai eu des problèmes intestinaux assez graves pour que ma tante Cloclo m’emmène à Paris consulter. Mais le gastroentérologue parisien pouvait-il se douter que la petite lozérienne qui était devant lui buvait l’eau du bénitier ! Je n’ai fait moi-même le rapprochement que très tardivement un jour où j’avais ce mal au ventre qui ne m’a pas encore quitté…
J’allais aussi chez ma tante Marie, soeur ainée de mon père, mariée avec un républicain espagnol, tonton Florent, Fulgencio Escobar, qui s’était évadé du camp de Rivesaltes en tirant une charrette et se faisant passer pour un cuisinier. Ils avaient 2 filles et plus tard arriva un garçon. Ce couple est pour moi l’image de l’amour. Tonton Florent était toujours de bonne humeur et nous faisait tous bien rire. Cuisine, salle à manger et salon étaient une seule grande pièce au premier étage d’un immeuble de la rue principale de Marvejols qui rejoint 2 portes moyenâgeuses bien conservées. La chambre était au rez de chaussée où il y avait moins de lumière.
Dans cette pièce à vivre on écoutait Radio Andorre (les postes de radio étaient des postes à lampe, les transistors n’étaient pas encore inventés) car Florent avait ainsi des nouvelles de l’Espagne où il a pu retourner seulement en 1975 après la mort de Franco, le dictateur qui tenait « l’État espagnol » depuis la fin de la guerre civile en 1939….. Jusque-là il risquait d’aller en prison s’il s’y faisait attraper. Il avait là-bas une sœur dont il n’avait pas de nouvelles et qu’il a retrouvée alors.
On y jouait mais j’y faisais aussi ma gymnastique car c’était grand et ma tante était très patiente : pieds au mur, arbre droit, pont, et acrobaties diverses. Il me semble que personne ne tolérerait ça de nos jours !!
Cet immeuble de 2 étages plus un grenier était situé dans la rue principale et appartenait à la famille Sudre. Plus tard sont venus y habiter tata Marthe et son fils Michel.
Tata Marthe, sœur de mon père, préparatrice en pharmacie, a eu une vie sentimentale compliquée et un fils, Michel, hors mariage également. Après être restée vivre en Provence elle est finalement revenue à Marvejols avec son fils. Michel, 6 mois de moins que moi, est devenu médecin. Je me souviens de la fierté de sa mère le jour de sa thèse. Elle en a fait un malaise.
Je dois aussi parler de tata Gaby, Gabrielle, soeur de mon père, qui a épousé aussi un républicain espagnol, tonton Soler, Manuel Soler, qui a réussi à gagner la France. Elle en a eu 5 enfants. Elle est morte à 40 ans d’un AVC… Lourde hérédité d’hypertension dans la famille Sudre.
Il neigeait tous les hivers et lorsque j’allais à l’école (à pied), j’admirais les glaçons qui pendaient aux toits des maisons. Et aussi les fleurs de givre sur les fenêtres de la maison.
Je ne me souviens pas bien des tenues que je portais. Ce qui est sûr c’est que je portais des robes et des jupes. Je me rappelle une jupe bleue « en forme » que m’avait faite ma tante Alix, sœur de mon père et qui se mettait à l’horizontale quand je la faisais tourner. Je ne me souviens pas des chaussures et ne crois pas avoir porté des bottes.
Quand ma grand-mère paternelle est décédée, d’une « attaque » (AVC), nous sommes allés habiter dans l’autre partie de la maison, qui était plus grande. Il n’y avait pas de chauffage autre que la « cuisinière » qui était dans la cuisine, pièce à vivre, fonctionnait au bois et au charbon, servait à faire la cuisine, était équipée d’un four. On mettait les pieds sur la porte ouverte du four pour se réchauffer l’hiver. Sur le dessus il y avait toujours la bouilloire pour l’eau chaude et on faisait réchauffer le café, très peu fort, fait à la « chaussette ». On mangeait là, on jouait aux cartes, aux sept familles, au rami. C’est dans la cuisine qu’on faisait sa toilette, au gant, devant l’évier ou avec une cuvette. Ce n'est que lorsque j'étais en 2e que mon père a pu aménager une salle de bain au 1er étage sous le toit. Là on préparait les cadres pour les ruches, à la veillée, avec Marie et Florent qui venaient aider. Mon père a toujours eu des ruches, après une formation d’apiculteur faite à Antibes, après l’Ecole normale ? Il a fini par acheter un « cube » Citroen pour les transporter au printemps à côté de Saint Mathieu de Tréviers pour le miel de romarin, très blanc et onctueux, et à l’automne sur la Margeride pour le miel de bruyère, liquide, foncé et de goût prononcé.
Il y avait à côté de la cuisine, la salle à manger qu’on n’utilisait que l’été. Le sol de toutes les pièces, sauf la cuisine, où c’était du lino, était du parquet, que l’on cirait une fois par an. On mettait des patins pour y accéder. Dans cette pièce j’ai dansé devant la glace sur l’air du Beau Danube bleu dès que nous avons eu un tourne-disque. Je lisais des livres parlant de la danse, par exemple « Les chaussons verts » et j’en étais passionnée.
Pas de machine à laver ! J’avais 15 ans quand mon père en a acheté une, Miele quand même ! Il faut imaginer ce que c’était de faire la lessive au lavoir ou au moins de l’y rincer l’hiver, à mains nues pendant longtemps, alors qu’il gelait dehors. Le linge qu’on étendait dans la cour était raide. Pas de sèche-linge ! Pour les draps et serviettes de toilette on faisait la lessive dans une lessiveuse que l’on faisait chauffer sur la cuisinière ou dehors sur du bois, avec des cendres initialement puis des copeaux de savon de Marseille.
Dans la rue habitait un monsieur qui avait perdu un bras à la guerre de 14-18 et on pouvait aussi rencontrer "une gueule cassée", résultat d'un obus ou éclat d'obus sur la tête.
Aussi on voyait passer quelqu'un qui avait survécu à la poliomyélite, extrêmement handicapé.
Ma grand-mère était quasiment sourde suite à la rougeole, même chose pour Jean-Luc comme vous devez le savoir.
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La poliomyélite est une maladie très contagieuse provoquée par un virus (le poliovirus) qui envahit le système nerveux et qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles. Depuis les années 60 cette maladie peut être prévenue grâce à des vaccins efficaces et a disparu en France. Le vaccin contre la rougeole, mis sur le marché en 1966, a été intégré au calendrier vaccinal en 1983. Il n'est pas obligatoire mais recommandé. Une campagne de désinformation a résulté en une relative opposition à cette vaccination et a résulté en la mort de nourrissons. Déjà et toujours les antivaccins.... |
Un matin où j’étais dans la rue en train de jouer, j’avais 9 ans, est arrivée une dame, que je ne connaissais pas, me disant qu’elle était une amie de ma mère, postière comme elle, mais à Mende. Elle m’a prise dans ses bras et m’a emmenée dans la maison. Mon père l’a épousée et j’ai tout de suite aimé cette femme, Marie Trauchessec, "Nénette", que j’ai appelée maman. J’ai moins joué dans la rue. Elle a eu une fille Anne dont je me suis beaucoup occupée ; c’est vers moi qu’elle a fait ses premiers pas.
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Annette dans mes bras, Paul, Jean-Guy |
Jean-Guy, moi, Paul, Annette, |
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Ici je veux rendre hommage à ma « mère » Nénette, une sainte femme qui s’est occupée de son mari, de la belle-mère de son mari, Marinou, qui ne lui était rien, des 3 enfants du premier lit, de sa fille et, de plus, de mon cousin Gabriel. Repas, lessive (voir conditions ci-dessus), ménage, jardin, conserves et son mari, ce qui n’était pas le plus facile ! Elle travaillait à la poste à Mende à 30 mn de Marvejols quand il n’y avait pas de neige ou de verglas. Il y avait à Mende sa famille dans un lieu-dit « Les Couars » où j’ai passé des jeudis après-midi très agréables. La maison était à côté du Lot, belle rivière qu’on traversait sur un cable en se tenant à un autre cable pour les mains. J’ai beaucoup joué sur ce cable. Il y avait 2 ou 3 vaches au rez de chaussée qui réchauffait la cuisine située au 1er étage. On pompait l’eau sur l’évier. Il y avait une aire de battage pour le blé et j’ai aussi manié le fléau. On faisait la lessive dans le Lot, à genou comme les lavandières, avec un battoir pour taper le linge. J'y ai lu des bandes dessinées, ce qui était interdit chez mon père : Bécassine, Tintin, .... Le "pépé des Couars", en saison, pêchait le gougeon, petit poisson, avec un filet appelé l'épervier, la nuit. Comme c'était interdit on faisait le gué. La friture en était délicieuse. J’ai beaucoup aimé la grand-mère « mémée des Couars » qui après avoir eu 8 enfants était un peu fatiguée mais toujours gracieuse. |
Mon adolescence
Mes frères et soeur adolescents
| Paul | Jean-Guy | Anne |
A l’àge de 10 ans je suis entrée en 6e au Lycée Chaptal à Mende où mon père pensait que je ferais de meilleures études qu’au collège de Marvejols. J’y étais pensionnaire car il y avait une demi-heure de route difficile jusqu’à Mende et beaucoup plus en hiver (il neigeait alors tous les hivers). Je revenais le samedi en «micheline », un petit train que je pourrais comparer à un RER et repartais le dimanche soir. Le lycée était mixte mais, bien sûr, filles et garçons ne se rencontraient que pendant les cours. On ne circulait pas dans les mêmes couloirs et avait des salles d’étude et des cours de récréations séparées. Mais … on pouvait se parler, sans se faire voir, à la clôture entre les 2 cours de récréation ...
De la 6e à la 2e je couchais dans un dortoir de 80 filles ! Pouvez vous imaginer cela ? Lors d’une épidémie de grippe le lycée a été fermé et on nous a tous renvoyés chez nous, la promiscuité faisant des ravages. A partir de la 2e on couchait dans des chambres neuves de 6 filles. J’y lisais jusque très tard, avec une lampe électrique, sous les couvertures.
J'ai appris la danse classique, repris au pied levé en 4e le rôle de Sabine dans le Cid quand celle qui le tenait a eu une crise d'appendicite, joué Agrippine dans Britannicus, quelques 300 vers !
Quand j'étais en 3e, me semble-t-il, j'ai joué du piano. Mes trois principales amies étaient de bonnes pianistes !
Il y avait à Marvejols un festival de théâtre l'été pour lequel mon père jouait le rôle de régisseur, c'est à dire trouvait les meubles et accessoires demandés. C'est ainsi qu'on lui a donné ce vase bleu que j'ai toujours et auquel je tiens car je le trouve très beau. Je ne sais comment il a obtenu que je joue dans le film "Un roi sans divertissement", créé à partir du livre de Giono, de François Leterrier avec Claude Giraud de la Comédie française, Charles Vanel et Colette Renard. Je jouais une scène très (très !) courte. Cela se passait dans la neige et j'ai retenu le froid aux pieds dans les sabots et les bras du beau Claude Giraud qui me portait... Une scène d'enfant en train de têter a été tournée aussi dans le Moulin sous le toit.
J'ai eu mes règles à l'âge de 13 ans. J'avais été prévenue de ce phénomène et on m'en avait donné les explications, aussi cela n'a pas été un problème pour moi contrairement à la majorité des autres filles de mon âge. A l'époque il n'y avait pas de tampons, serviettes hygiéniques jetables : on utilisait des bandes de coton dont la partie médiane était de l'éponge. Imaginez la difficulté de gérer les débordements. Quand la période des règles était terminée, on faisait bouillir ces bandes, après les avoir fait tremper, dans une lessiveuse.
Dès la 5e mon père m’a envoyé pendant les « grandes vacances » en Angleterre. La 1e fois c’était avec une certaine Eliane Loubat. Nous sommes allés à Derby dans une famille dont je ne me rappelle pas grand-chose sauf qu’ils avaient des perruches qu’ils laissaient voler dans la maison et qui rentraient d’elles-mêmes dans la cage. Concernant le voyage, il faut imaginer ce que c’était pour ces 2 gamines lozériennes ! Départ en train de nuit jusqu’à Paris où Tatie Cloclo nous a récupérées puis fait changer de gare. Là en train jusqu’à Calais puis le bateau jusqu’à Douvres puis le train jusqu’à Derby avec changement de gare à Londres. Étonnamment nous sommes arrivées à bon port !
Après la 4e, à 13 ans c’est à Belfast qu’il m’a envoyée. En avion depuis Paris. J’y suis restée un mois, ai appris les 5 positions de la danse classique avec la mère, que j’aimais bien. J’ai failli m’y noyer car ma correspondante, la fille, a décidé d’aller me faire faire un tour en barque en mer où elle n’a pas su s’éloigner des rochers dont les vagues nous rapprochaient. On est venu nous secourir, ouf ! Vous savez comment je nage bien…sans compter la température de l'eau, brrr...
J’y suis retournée mais dans le sud de l’Angleterre.
Enfin, à la fin de la 1e, j’ai eu une bourse pour aller passer l’année de terminale au Lycée français de Londres car j’étais la meilleure élève de Lozère. Bon, en Lozère il n’y avait pas beaucoup de concurrence vu le nombre d’habitants ! 50 000 environ !
Mon père ne m’a pas donné le choix, je devais partir. D’ailleurs il ne m’a pas non plus donné le choix de mes vêtements. J’ai beaucoup apprécié ce séjour bien que je ne me sente pas à l’aise au milieu des autres élèves dont certains étaient fils d’ambassadeurs ou de français vivant à Londres d’une classe bien supérieure à la mienne. J’ai surtout eu des amis boursiers comme moi venus de toute la France.
A Londres j’habitais près de Battersea park, chez une dame seule avec sa fille, Dominique. J’étais demi-pensionnaire et j’allais visiter les musées, Victoria and Albert museum, British museum aussi, qui se trouvaient près du Lycée français. Je suis allée voir Margot Fonteyn danser le Lac des Cygnes à l’Opéra de Londres. Ma logeuse m’a amenée à Cambridge où habitaient ses parents. J’ai beaucoup aimé cette ville.
Mon père est venu me voir. Ça s’est très mal passé. Il voulait que je fasse Mathsup après le bac, ce qui ne me plaisait pas. Je voulais faire Sciences Expérimentales. Finalement j’ai dû transiger et ai accepté de faire MPC (Math Physique Chimie). D'ailleurs j’ai eu le bac, mais tout juste, ce qui n’a pas arrangé nos relations.
Par contre j’ai passé là le Lower certificate in English et je dois dire que l’anglais m’a servi ensuite dans ma profession et mes voyages futurs.
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Grand-mère, dis moi tout !
J’ai reçu à Noël 2021 de la part de Gabrielle un album « Grand-mère dis moi tout ». J’ai commencé à en remplir les cases et puis me suis rendue compte que les cases prévues étaient, soit trop petites, soit ne correspondaient pas du tout à ce que je pouvais raconter, par exemple « as tu fêté ton enterrement de jeune fille ? » !!!.
J’ai presque tout de suite été convaincue que j’avais des choses à dire, parce que de nombreux souvenirs me sont revenus petit à petit que je pouvais partager, et aussi en tant que « boomer », car cela permettrait de mettre des faits et un contexte derrière cet adjectif employé par nos chers ados.
1e partie
Cécile
Je m’appelle Cécile Marie SUDRE
Cécile (comme ma mère), Marie (comme mes 2 grand-mères)
Mon enfance :
Je suis née le 21 janvier 1947 à la maternité de Marvejols, petite ville de 4000 habitants, sous-préfecture de la Lozère, qui avait alors un hôpital dont un secteur maternité.
Mon père, Jean Sudre, avait 4 sœurs, Marie, Gabrielle dite Gaby, Marthe et Alix. Seule Alix est encore en vie.
Sa mère, Marie Huguet, "mémée Huguet", était veuve de Auguste Sudre, qui transportait de la farine avec une charrette. Je ne l'ai pas connu. Chez elle j'ai le souvenir d'avoir mangé beaucoup de lait concentré Nestlé !
Il était instituteur, sorti de l’Ecole normale d’instituteurs. On y formait alors ce qu’on a appelé les « Hussards noirs de la République », instituteurs dans les écoles publiques, laïques.
Bien que soutien de famille il a dû partir au STO, service du travail obligatoire en Allemagne, pendant la 2e guerre mondiale, raflé au sortir du cinéma. Il y a travaillé dans une scierie. Pour en revenir il disait avoir fumé des cigarettes dont le papier était enduit de beurre, ce qui avait résulté en une radio des poumons anormale. Il y a noué de bonnes relations avec un allemand comme lui philatéliste, avec qui il a conservé des relations toute sa vie et échangé des timbres.
Son premier poste d’instituteur a été un petit, très petit !, village nommé Chaldecoste, « coteau chaud », sur l’Aubrac, plateau élevé du Massif central. A cette époque il y faisait très froid l’hiver et il pouvait y avoir de la « tourmente », tempête de neige si forte que les villages sonnaient les cloches pour permettre de se repérer aux habitants perdus. Mon père racontait qu’il devait y aller à ski l’hiver, et que le lait gelait dans les bouteilles. Je suis allée voir Chaldecoste beaucoup plus tard, au printemps, et garde un souvenir impérissable des vaches qui sortaient de leur long séjour hivernal à l’étable et qui gambadaient, au sens propre.
Il a ensuite été nommé à Fabrèges au dessus de Chirac où il a fini avec 2 élèves ! A l’époque chaque petit village avait une école publique ! Les enfants venaient à pied des hameaux autour et je me souviens des petites chaussures en train de sécher autour du poêle. Ensuite il a été nommé à Saint Bonnet de Chirac. Il y été aussi secrétaire de mairie, jusqu'à la fin de sa vie.
Maintenant on fait du ramassage scolaire dans les villes et on a vendu les écoles de village.
Ensuite il est devenu professeur de travaux manuels au Collège de Marvejols. En effet il avait appris l’ébénisterie avec son oncle Albert Huguet, frère de sa mère.
Il était très actif : jardin, apiculture, pisciculture au « Moulin », vieux moulin situé sur la Colagne. Il a construit là de ses mains (et de celles de mes frères et de sa femme !), une maison en pierres taillées avec un magnifique escalier en planches de châtaigner. Il est aussi devenu secrétaire de mairie à Grèze. Il a planté des peupliers qui devaient rapporter une fortune (!) au bord de la Colagne. Il a créé à Arboussous, ferme des Chabbert dont nous avons hérité, en ruine… , avec plusieurs hectares, un groupement forestier où les Eaux et forêts ont planté des bois. Le rapport n’en a pas non plus été formidable ! Mais donc j’ai des bois à Arboussous (je n’en achète pas moins le bois de chauffage pour mon insert !)
A gauche de mon père, ma grand mère paternelle. A droite de ma mère, ma grand mère maternelle, à l'extrême droite mémée Astérie
Ma mère, Cécile Chabbert, était postière à Marvejols.
Après leur mariage, mes parents habitaient rue de l’Estancogne à Marvejols, dans la petite branche d’une maison en L située au coeur de cette ville moyenâgeuse qui a eu dans l’histoire une certaine importance pendant les guerres de religion. Dans l'autre branche du L vivait ma grand-mère paternelle avec sa fille Alix, la dernière.
Sont ensuite nés mes 2 frères Paul et Jean-Guy.
Je vais ici parler d’un évènement très important de ma vie, ainsi que de celle de mes 2 frères. Je ne peux pas y penser sans chagrin. Impossible d’écouter une vieille chanson, « les roses blanches » sans pleurer, encore à 75 ans !
Ma mère, Cécile Chabbert, dont je n’ai pas de souvenir. Grand blanc…
Un matin on est venu me dire que ma maman était partie au ciel. J’avais entendu des allées et venues le soir et dans la nuit. Les non-dit familiaux et remarques mystérieuses diverses m’ont fait penser plus tard que ma mère est morte d’un avortement qui s’est mal passé, réalisé par ma tante Marthe, sœur de mon père qui était préparatrice en pharmacie et avait à portée de main du matériel. Notre mère avait alors 24 ans….
J’avais 6 ans. Paul avait 3 ans et Jean-Guy 6 mois.
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Grâce à Simone Veil, dont vous avez sûrement entendu parler, juive, ancienne déportée à Auschwitz à l’âge de 16 ans, ministre de la santé sous le président Giscard d’Estaing, la loi du 17 janvier 1975 permettant l’interruption volontaire de grossesse a été votée.…. Elle l’a défendue avec un courage extraordinaire devant une assemblée de députés d’extrême droite et de droite qui l’injurient. Il faut savoir que ce droit à l’avortement est toujours remis en question dans plusieurs pays et encore récemment dans beaucoup d’états des Etats-unis . |
C’est ma tante paternelle Alix qui a pris en charge le bébé, avec sa mère Marie Sudre. Quand à Paul il est resté dans la maison avec mon père et moi et la mère de ma mère, Marie Chabbert, dite « Marinou ».
Marinou, sourde suite à la rougeole dans l’enfance, et assez disgraciée,.vivait séparée de son mari, mon grand-père. Elle était la fille unique de Paul Chabbert et d’Astérie Rousset, « mémée Astérie » et avait été mariée avec un certain Paulin Chabbert d’Aubigeyre car mes arrières grands-parents, qui possédaient une propriété à Arboussous, commune de Saint Sauveur de Peyre, n’ayant pas de fils, avaient ainsi trouvé une solution pour que la ferme survive. Contre promesse de ??? Cela s’est mal passé et, après avoir fait 3 filles à Marinou, Paulin est allé se faire embaucher à la SNCF. Les filles ne se sont pas entendu avec lui. J’avais mis la main sur une lettre de ma mère à sa grand-mère où elle exprimait sa colère vis à vis de lui. Je n’en sais pas plus.
Paulin venait une fois par an nous voir et apportait des biscuits « Lu». J’ai passé quelques jours chez lui à Saint Germain des Fossés, une seule fois. Je l’aimais bien.
Mon arrière grand-mère « Mémée Astérie » était restée veuve de Paul Chabbert, propriétaire d' Arboussous et, après avoir dilapidé le patrimoine, vivait à l’époque sur la grande place de Marvejols au rez de chaussée où j’allais régulièrement.
Les 3 soeurs et une amie. De droite à gauche, Cloclo, Cécile, Françoise.
Au décès de ma mère, mon père m’a immédiatement expédiée à Paris chez mes tantes, sœurs de ma mère, Clotilde et Françoise, dites "tatie Cloclo" et "tatie Ursule" (Ursule comme sa marraine mais son 1e prénom était Françoise), avec leur mère Marinou. A l’époque circulait un train de nuit Béziers-Paris gare d’Austerlitz. J’y suis restée un certain temps. Elles logeaient chez un vieux monsieur, rue Abbé Patureau à Montmartre et j’allais souvent jouer dans le jardin du Sacré Coeur.
Tatie Cloclo à l’époque travaillait à Pathé cinéma aux studios de Montmartre comme secrétaire. Elle est ensuite devenue secrétaire de direction avec un bureau sur les Champs Elysées. De là j'étais aux premières loges pour assister au défilé du 14 juillet ! Elle avait, semble-t-il, eu une aventure, ou un grand amour, à 18 ans, avec un certain Mr Ventre rencontré à Marvejols. Elle l’a suivi à Paris. Elle en a eu un fils Gabriel, dit « Nounet », hors mariage.
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Je note ce « hors mariage » pour vous faire comprendre la fréquence de ces naissances et l’importance de l’apparition de la pilule contraceptive, légalisée en 1967 par la loi Neuwirth, remboursée par la Sécurité sociale depuis 1974. D’autant que ces naissances n’étaient pas bien vues et les filles-mères méprisées, voire mal traitées. |
Gabriel, passionné des maquettes de train à l’échelle, dentiste, a épousé en première noces Annette, corse de Bastia et, après son divorce, Christine, habitant Montpellier. Il est décédé un mois après son mariage ! Christine m’a fait parvenir les lettres concernant l’enfance de Gabriel. Ma tante l’avait récupéré dans le train après qu’il ait été enlevé par son père. Elle l’avait ensuite confié à sa marraine, Manie, apparentée au père de Gabriel, qui l’a élevé à Allauch, dans les Bouches du Rhône, jusqu’à ce qu’il rejoigne sa mère à Paris après l’école primaire. Là, sa mère a dû l’envoyer chez nous, après un certain nombre de renvois de lycées, mon père étant réputé pour sa sévérité… Il y est resté jusqu’à l’année du bac. J’ai donc profité de la présence de mon cousin qui était extrêmement drôle et apportait un peu de soleil dans la maison. Il avait 6 mois de plus que moi. Exemple de gag : il avait enlevé la porte de la cuisine qui donnait sur la terrasse, qui était en fait la porte d'entrée et de sortie de la maison, et ma grand mère Marinou se demandait où elle était passée. Sa femme Christine est aussi gaie qu'il l'était et c'est ce qu'elle publie sur Facebook qui m'amuse le plus !
Tatie Cloclo a eu énormément d’importance dans ma vie. Elle était très drôle aussi. Elle m’a emmenée à la Comédie française, m’a fait visiter Paris et plus tard beaucoup d’autres endroits en France ou même en Italie. Je vous fait partager ici un souvenir très drôle de Tatie Cloclo et moi descendant à vélo du « Moulin », où mes parents habitaient plus tard, à Marvejols. C’était un dimanche me semble-t-il et ma tante avait sur la tête un bonnet de bain en caoutchouc. Nous avons bien ri !
Tatie Françoise, dite Tatie Ursule, est restée chez sa grand-mère, Astérie, a ensuite épousé Abel Beaufils dont elle a eu Hubert, mon cousin dont j'ai des nouvelles de temps en temps. Elle a quitté Abel, gros buveur et bagarreur, et est partie à Paris avec son bébé qu’elle a mis en nourrice, où il est resté longtemps. Il a hérité de sa nourrice. A son arrivée à Paris tatie Françoise a trouvé un travail de femme de ménage chez Gisèle Casadesus, actrice de théâtre et de cinéma bien connue. Elle avait là une chambre de bonne et ne pouvait donc pas s'occuper de son bébé. Elle a ensuite passé un diplôme d’infirmière et a travaillé à l’hôpital Lariboisière. L'appartement de Gisèle Casadesus se trouvait au dessus de celui des parents de François Gobinot avec qui elle s'est remariée. Elle est partie un temps au Congo où il avait un emploi d’ingénieur dans l’équipement en train. Ils sont ensuite revenus et ont habité à Montmartre prés de tatie Cloclo.
Revenons à Marvejols !
Dans la grande longueur du L vivait ma grand-mère paternelle, veuve, avec sa plus jeune fille, ma tante Alix, encore vivante mais atteinte d’Alzheimer.
Il y avait une petite cour qui donnait sur la rue avec en particulier un magnifique cerisier… et les wc, à la turque pour les 2 maisons. La nuit on se servait de pots de chambre !
On jouait dans la rue ! Peu de voitures ! On jouait avec les enfants des voisins et aussi mes cousines, qui habitaient Marvejols dans une rue voisine, à la balle, à cache-cache, à « soleil », aux osselets, à la corde à sauter, à la marelle, aux billes. On faisait du vélo, des patins à roulettes. Et puis, le grand régal c’était de faire des glissades dans la rue quand il y avait de la neige. Les vieilles dames n’étaient pas contentes car cela faisait des zones de glace où elles risquaient de tomber.
Je lisais beaucoup car je recevais des livres à Noël. J’ai adoré Nio l’éléphanteau. J’ai lu l’Odyssée dans la collection « J’aime lire » au CM2. J’ai reçu à Noël une poupée magnifique que mon petit frère a badigeonnée de mercurochrome - je lui en ai toujours voulu...
Pas de télévision, smartphone, tablette, ordinateur, internet, jeux vidéos !!! pouvez vous imaginer cela ?!!!
Mon père m’a fait prendre des cours de violon à 7 ans avec un monsieur qui habitait dans la rue mais était aveugle. Sa femme, aveugle aussi, donnait des cours de piano. C’est moi qui ai choisi le violon entre les 2 instruments. J’ai tenu le coup un an et commençais à jouer quelques petits morceaux. Hélas ! Je n’osais pas demander à aller aux toilettes à ce monsieur et cela devenait rapidement un supplice. A quoi tiennent les carrières … ! Je pense que malgré tout j’en ai gardé l’oreille musicale et cela me permet de chanter juste, ce dont je profite encore.
J’avais aussi une copine de classe avec qui j’allais faire des glissades sur les rampes des escaliers de l’église qui n’était pas loin. A cette époque on léchait des coquillages remplis de sucre dur coloré. On glissait puis, comme on avait mal à la langue à force de lècher, on allait tremper le coquillage dans le bénitier pour l’humecter !!! Je n’ose pas penser à ce qui habitait cette eau bénite…. D’ailleurs j’ai eu des problèmes intestinaux assez graves pour que ma tante Cloclo m’emmène à Paris consulter. Mais le gastroentérologue parisien pouvait-il se douter que la petite lozérienne qui était devant lui buvait l’eau du bénitier ! Je n’ai fait moi-même le rapprochement que très tardivement un jour où j’avais ce mal au ventre qui ne m’a pas encore quitté…
J’allais aussi chez ma tante Marie, soeur ainée de mon père, mariée avec un républicain espagnol, tonton Florent, Fulgencio Escobar, qui s’était évadé du camp de Rivesaltes en tirant une charrette et se faisant passer pour un cuisinier. Ils avaient 2 filles et plus tard arriva un garçon. Ce couple est pour moi l’image de l’amour. Tonton Florent était toujours de bonne humeur et nous faisait tous bien rire. Cuisine, salle à manger et salon étaient une seule grande pièce au premier étage d’un immeuble de la rue principale de Marvejols qui rejoint 2 portes moyenâgeuses bien conservées. La chambre était au rez de chaussée où il y avait moins de lumière.
Dans cette pièce à vivre on écoutait Radio Andorre (les postes de radio étaient des postes à lampe, les transistors n’étaient pas encore inventés) car Florent avait ainsi des nouvelles de l’Espagne où il a pu retourner seulement en 1975 après la mort de Franco, le dictateur qui tenait « l’État espagnol » depuis la fin de la guerre civile en 1939….. Jusque-là il risquait d’aller en prison s’il s’y faisait attraper. Il avait là-bas une sœur dont il n’avait pas de nouvelles et qu’il a retrouvée alors.
On y jouait mais j’y faisais aussi ma gymnastique car c’était grand et ma tante était très patiente : pieds au mur, arbre droit, pont, et acrobaties diverses. Il me semble que personne ne tolérerait ça de nos jours !!
Cet immeuble de 2 étages plus un grenier était situé dans la rue principale et appartenait à la famille Sudre. Plus tard sont venus y habiter tata Marthe et son fils Michel.
Tata Marthe, sœur de mon père, préparatrice en pharmacie, a eu une vie sentimentale compliquée et un fils, Michel, hors mariage également. Après être restée vivre en Provence elle est finalement revenue à Marvejols avec son fils. Michel, 6 mois de moins que moi, est devenu médecin. Je me souviens de la fierté de sa mère le jour de sa thèse. Elle en a fait un malaise.
Je dois aussi parler de tata Gaby, Gabrielle, soeur de mon père, qui a épousé aussi un républicain espagnol, tonton Soler, Manuel Soler, qui a réussi à gagner la France. Elle en a eu 5 enfants. Elle est morte à 40 ans d’un AVC… Lourde hérédité d’hypertension dans la famille Sudre.
Il neigeait tous les hivers et lorsque j’allais à l’école (à pied), j’admirais les glaçons qui pendaient aux toits des maisons. Et aussi les fleurs de givre sur les fenêtres de la maison.
Je ne me souviens pas bien des tenues que je portais. Ce qui est sûr c’est que je portais des robes et des jupes. Je me rappelle une jupe bleue « en forme » que m’avait faite ma tante Alix, sœur de mon père et qui se mettait à l’horizontale quand je la faisais tourner. Je ne me souviens pas des chaussures et ne crois pas avoir porté des bottes.
Quand ma grand-mère paternelle est décédée, d’une « attaque » (AVC), nous sommes allés habiter dans l’autre partie de la maison, qui était plus grande. Il n’y avait pas de chauffage autre que la « cuisinière » qui était dans la cuisine, pièce à vivre, fonctionnait au bois et au charbon, servait à faire la cuisine, était équipée d’un four. On mettait les pieds sur la porte ouverte du four pour se réchauffer l’hiver. Sur le dessus il y avait toujours la bouilloire pour l’eau chaude et on faisait réchauffer le café, très peu fort, fait à la « chaussette ». On mangeait là, on jouait aux cartes, aux sept familles, au rami. C’est dans la cuisine qu’on faisait sa toilette, au gant, devant l’évier ou avec une cuvette. Ce n'est que lorsque j'étais en 2e que mon père a pu aménager une salle de bain au 1er étage sous le toit. Là on préparait les cadres pour les ruches, à la veillée, avec Marie et Florent qui venaient aider. Mon père a toujours eu des ruches, après une formation d’apiculteur faite à Antibes, après l’Ecole normale ? Il a fini par acheter un « cube » Citroen pour les transporter au printemps à côté de Saint Mathieu de Tréviers pour le miel de romarin, très blanc et onctueux, et à l’automne sur la Margeride pour le miel de bruyère, liquide, foncé et de goût prononcé.
Il y avait à côté de la cuisine, la salle à manger qu’on n’utilisait que l’été. Le sol de toutes les pièces, sauf la cuisine, où c’était du lino, était du parquet, que l’on cirait une fois par an. On mettait des patins pour y accéder. Dans cette pièce j’ai dansé devant la glace sur l’air du Beau Danube bleu dès que nous avons eu un tourne-disque. Je lisais des livres parlant de la danse, par exemple « Les chaussons verts » et j’en étais passionnée.
Pas de machine à laver ! J’avais 15 ans quand mon père en a acheté une, Miele quand même ! Il faut imaginer ce que c’était de faire la lessive au lavoir ou au moins de l’y rincer l’hiver, à mains nues pendant longtemps, alors qu’il gelait dehors. Le linge qu’on étendait dans la cour était raide. Pas de sèche-linge ! Pour les draps et serviettes de toilette on faisait la lessive dans une lessiveuse que l’on faisait chauffer sur la cuisinière ou dehors sur du bois, avec des cendres initialement puis des copeaux de savon de Marseille.
Dans la rue habitait un monsieur qui avait perdu un bras à la guerre de 14-18 et on pouvait aussi rencontrer "une gueule cassée", résultat d'un obus ou éclat d'obus sur la tête.
Aussi on voyait passer quelqu'un qui avait survécu à la poliomyélite, extrêmement handicapé.
Ma grand-mère était quasiment sourde suite à la rougeole, même chose pour Jean-Luc comme vous devez le savoir.
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La poliomyélite est une maladie très contagieuse provoquée par un virus (le poliovirus) qui envahit le système nerveux et qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles. Depuis les années 60 cette maladie peut être prévenue grâce à des vaccins efficaces et a disparu en France. Le vaccin contre la rougeole, mis sur le marché en 1966, a été intégré au calendrier vaccinal en 1983. Il n'est pas obligatoire mais recommandé. Une campagne de désinformation a résulté en une relative opposition à cette vaccination et a résulté en la mort de nourrissons. Déjà et toujours les antivaccins.... |
Un matin où j’étais dans la rue en train de jouer, j’avais 9 ans, est arrivée une dame, que je ne connaissais pas, me disant qu’elle était une amie de ma mère, postière comme elle, mais à Mende. Elle m’a prise dans ses bras et m’a emmenée dans la maison. Mon père l’a épousée et j’ai tout de suite aimé cette femme, Marie Trauchessec, "Nénette", que j’ai appelée maman. J’ai moins joué dans la rue. Elle a eu une fille Anne dont je me suis beaucoup occupée ; c’est vers moi qu’elle a fait ses premiers pas.
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Annette dans mes bras, Paul, Jean-Guy |
Jean-Guy, moi, Paul, Annette, |
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Ici je veux rendre hommage à ma « mère » Nénette, une sainte femme qui s’est occupée de son mari, de la belle-mère de son mari, Marinou, qui ne lui était rien, des 3 enfants du premier lit, de sa fille et, de plus, de mon cousin Gabriel. Repas, lessive (voir conditions ci-dessus), ménage, jardin, conserves et son mari, ce qui n’était pas le plus facile ! Elle travaillait à la poste à Mende à 30 mn de Marvejols quand il n’y avait pas de neige ou de verglas. Il y avait à Mende sa famille dans un lieu-dit « Les Couars » où j’ai passé des jeudis après-midi très agréables. La maison était à côté du Lot, belle rivière qu’on traversait sur un cable en se tenant à un autre cable pour les mains. J’ai beaucoup joué sur ce cable. Il y avait 2 ou 3 vaches au rez de chaussée qui réchauffait la cuisine située au 1er étage. On pompait l’eau sur l’évier. Il y avait une aire de battage pour le blé et j’ai aussi manié le fléau. On faisait la lessive dans le Lot, à genou comme les lavandières, avec un battoir pour taper le linge. J'y ai lu des bandes dessinées, ce qui était interdit chez mon père : Bécassine, Tintin, .... Le "pépé des Couars", en saison, pêchait le gougeon, petit poisson, avec un filet appelé l'épervier, la nuit. Comme c'était interdit on faisait le gué. La friture en était délicieuse. J’ai beaucoup aimé la grand-mère « mémée des Couars » qui après avoir eu 8 enfants était un peu fatiguée mais toujours gracieuse. |
Mon adolescence
Mes frères et soeur adolescents
| Paul | Jean-Guy | Anne |
A l’àge de 10 ans je suis entrée en 6e au Lycée Chaptal à Mende où mon père pensait que je ferais de meilleures études qu’au collège de Marvejols. J’y étais pensionnaire car il y avait une demi-heure de route difficile jusqu’à Mende et beaucoup plus en hiver (il neigeait alors tous les hivers). Je revenais le samedi en «micheline », un petit train que je pourrais comparer à un RER et repartais le dimanche soir. Le lycée était mixte mais, bien sûr, filles et garçons ne se rencontraient que pendant les cours. On ne circulait pas dans les mêmes couloirs et avait des salles d’étude et des cours de récréations séparées. Mais … on pouvait se parler, sans se faire voir, à la clôture entre les 2 cours de récréation ...
De la 6e à la 2e je couchais dans un dortoir de 80 filles ! Pouvez vous imaginer cela ? Lors d’une épidémie de grippe le lycée a été fermé et on nous a tous renvoyés chez nous, la promiscuité faisant des ravages. A partir de la 2e on couchait dans des chambres neuves de 6 filles. J’y lisais jusque très tard, avec une lampe électrique, sous les couvertures.
J'ai appris la danse classique, repris au pied levé en 4e le rôle de Sabine dans le Cid quand celle qui le tenait a eu une crise d'appendicite, joué Agrippine dans Britannicus, quelques 300 vers !
Quand j'étais en 3e, me semble-t-il, j'ai joué du piano. Mes trois principales amies étaient de bonnes pianistes !
Il y avait à Marvejols un festival de théâtre l'été pour lequel mon père jouait le rôle de régisseur, c'est à dire trouvait les meubles et accessoires demandés. C'est ainsi qu'on lui a donné ce vase bleu que j'ai toujours et auquel je tiens car je le trouve très beau. Je ne sais comment il a obtenu que je joue dans le film "Un roi sans divertissement", créé à partir du livre de Giono, de François Leterrier avec Claude Giraud de la Comédie française, Charles Vanel et Colette Renard. Je jouais une scène très (très !) courte. Cela se passait dans la neige et j'ai retenu le froid aux pieds dans les sabots et les bras du beau Claude Giraud qui me portait... Une scène d'enfant en train de têter a été tournée aussi dans le Moulin sous le toit.
J'ai eu mes règles à l'âge de 13 ans. J'avais été prévenue de ce phénomène et on m'en avait donné les explications, aussi cela n'a pas été un problème pour moi contrairement à la majorité des autres filles de mon âge. A l'époque il n'y avait pas de tampons, serviettes hygiéniques jetables : on utilisait des bandes de coton dont la partie médiane était de l'éponge. Imaginez la difficulté de gérer les débordements. Quand la période des règles était terminée, on faisait bouillir ces bandes, après les avoir fait tremper, dans une lessiveuse.
Dès la 5e mon père m’a envoyé pendant les « grandes vacances » en Angleterre. La 1e fois c’était avec une certaine Eliane Loubat. Nous sommes allés à Derby dans une famille dont je ne me rappelle pas grand-chose sauf qu’ils avaient des perruches qu’ils laissaient voler dans la maison et qui rentraient d’elles-mêmes dans la cage. Concernant le voyage, il faut imaginer ce que c’était pour ces 2 gamines lozériennes ! Départ en train de nuit jusqu’à Paris où Tatie Cloclo nous a récupérées puis fait changer de gare. Là en train jusqu’à Calais puis le bateau jusqu’à Douvres puis le train jusqu’à Derby avec changement de gare à Londres. Étonnamment nous sommes arrivées à bon port !
Après la 4e, à 13 ans c’est à Belfast qu’il m’a envoyée. En avion depuis Paris. J’y suis restée un mois, ai appris les 5 positions de la danse classique avec la mère, que j’aimais bien. J’ai failli m’y noyer car ma correspondante, la fille, a décidé d’aller me faire faire un tour en barque en mer où elle n’a pas su s’éloigner des rochers dont les vagues nous rapprochaient. On est venu nous secourir, ouf ! Vous savez comment je nage bien…sans compter la température de l'eau, brrr...
J’y suis retournée mais dans le sud de l’Angleterre.
Enfin, à la fin de la 1e, j’ai eu une bourse pour aller passer l’année de terminale au Lycée français de Londres car j’étais la meilleure élève de Lozère. Bon, en Lozère il n’y avait pas beaucoup de concurrence vu le nombre d’habitants ! 50 000 environ !
Mon père ne m’a pas donné le choix, je devais partir. D’ailleurs il ne m’a pas non plus donné le choix de mes vêtements. J’ai beaucoup apprécié ce séjour bien que je ne me sente pas à l’aise au milieu des autres élèves dont certains étaient fils d’ambassadeurs ou de français vivant à Londres d’une classe bien supérieure à la mienne. J’ai surtout eu des amis boursiers comme moi venus de toute la France.
A Londres j’habitais près de Battersea park, chez une dame seule avec sa fille, Dominique. J’étais demi-pensionnaire et j’allais visiter les musées, Victoria and Albert museum, British museum aussi, qui se trouvaient près du Lycée français. Je suis allée voir Margot Fonteyn danser le Lac des Cygnes à l’Opéra de Londres. Ma logeuse m’a amenée à Cambridge où habitaient ses parents. J’ai beaucoup aimé cette ville.
Mon père est venu me voir. Ça s’est très mal passé. Il voulait que je fasse Mathsup après le bac, ce qui ne me plaisait pas. Je voulais faire Sciences Expérimentales. Finalement j’ai dû transiger et ai accepté de faire MPC (Math Physique Chimie). D'ailleurs j’ai eu le bac, mais tout juste, ce qui n’a pas arrangé nos relations.
Par contre j’ai passé là le Lower certificate in English et je dois dire que l’anglais m’a servi ensuite dans ma profession et mes voyages futurs.